Le gouvernement s’est engagé à mettre en place dès 2020 un système de notation qui évaluera la véritable durée de vie des appareils multimédias et électroménagers.

Le propriétaire d’un restaurant fait-il systématiquement appel à un dépanneur de cuisine professionnelle lorsque son four électrique ou son réfrigérateur tombe subitement en panne ? Pour des raisons pratiques, et souvent d’urgence, beaucoup d’entre eux préfèrent investir dans un matériel neuf plutôt que de s’exposer au risque d’une réparation de longue durée. Or, « 40% des gros appareils électroménagers remplacés sont en état de fonctionner ou réparables » signalait au magazine Capital la déléguée d’un grand fabricant d’électroménager (avril 2018). Moins récemment, le magazine américain Consumer Reports estimait que pour 28% des réfrigérateurs et 13% des lave-vaisselle, un incident technique survenait au bout de 36 mois en moyenne.

Depuis plusieurs années, les industriels sont pointés du doigt par les associations de consommateurs qui les suspectent de raccourcir artificiellement la durée de vie de leurs produits pour maintenir (voire augmenter) à des fins mercantiles leur taux de renouvellement et ainsi garantir le niveau de leur carnet de commandes. En France, la polémique a suffisamment enflé pour que les autorités publiques se décident à légiférer : depuis 2015 et les nouvelles mesures sur la transition énergétique, l’obsolescence programmée est devenu un délit de droit commun passible de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende (la pratique jugée frauduleuse est définie à l’article L213-4-1 du Code de la Consommation).

Un indice de réparabilIté

Dans un registre plus préventif que répressif, une étape supplémentaire sera franchie en 2020, date à laquelle le gouvernement s’est engagé à introduire une norme fondée sur un système de notation (de 1 à 10). Il s’agira en fait d’un « indice de réparabilité » établi à partir de dix critères. Cette information devra être obligatoirement affichée sur les produits électroniques et électroménagers dès leur commercialisation. Le double objectif de cette évaluation est, selon la Secrétaire d’Etat auprès du Ministère de l’Ecologie Brune Poirson, d’apporter au consommateur un repère « utile et pragmatique » et, d’autre part, d’inciter les fabricants à faire évoluer leur modèle économique dans le sens d’une plus grande responsabilisation face aux défis environnementaux.

Pour l’association Hop (Halte à l’obsolescence programmée) cette mesure « va permettre aux clients de comparer pour mieux choisir et pousser les industriels à s’améliorer pour ne pas être mal classés ». L’élaboration et les modalités d’application de cet indice ont été confiées en juillet dernier à un groupe de travail où figure une grande enseigne française de distribution. Ses conclusions seront rendues fin 2018 avant l’entrée en vigueur du dispositif prévue au 1er janvier 2020.